8 septembre 2014

Manager, diriger, c’est d’abord une science humaine

Dans un article récent du Financial Times, Monique Valcour, professeur à l'EDHEC, pointe l’insuffisance des grandes écoles françaises en termes d’attitudes managériales eu égard aux enseignements logico-scientifiques.
Ce n’est pas faux, notamment au moment du processus de sélection  qui met grandement l’accent sur les matières scientifiques, (jusque même, honteusement, en médecine) par exemple, alors qu’une carrière d’ingénieur se distingue de celle d’un technicien en ce qu’il organise, pilote, dessine et fait réaliser. Toute science est d’abord humaine.
Ainsi la dimension communicationnelle, qu’il s’agisse d’arbitrer, de faire débat, de réguler, de persuader, de collaborer, de promouvoir est essentielle. 
D’un autre côté, l’importance prise par les stages rééquilibre cette dimension professionnelle de la communication managériale par rapport à l’expertise même si leur exploitation (inter-échanges, audit des entreprises accueillantes par les stagiaires, valorisation et mise à distance de l’expérience du stage, etc) est la plupart du temps sous-utilisée.

Quand l’élève-ingénieur se presse le citron… il aime ça
A notre expérience, les élèves-ingénieurs (ESTP), les étudiants de masters, sont effectivement a contrario très impliqués dans nos cycles de communication managériale car, souvent pour la première fois de leur formation, ils ont le sentiment de constituer l’objet et le sujet des séances. A partir de leur expérience relationnelle réelle ici et maintenant,  nous élaborons avec eux une théorie qui leur soit personnelle, c’est-à-dire s’appuie sur leurs propres compétences, leurs comportements biographiques et la lucidité quant à leur écosystème relationnel.

 12 équipes présentent leur réalisation et s’évaluent entre elles. Connaissance de soi, méthodologie de projet, débat, argumentation, rhétorique, impact d’équipe, sont le carburant de l’exercice

4 septembre 2014

Valérie est sortie du Loft...

et refuse de signer le certificat de bonnes dispositions.

Toute poubellication ne mérite pas lecture
Donc Valérie est sortie du Loft et pas contente de la production, nous déballe ses états d’âme. Dans une sorte de livre puisqu’il se dit qu’elle "est" journaliste. Ici, nous ne le lirons pas, nous ne l’achèterons pas mais l’actualité de cette publication est instructive.
A titre documentaire, en ethnologue, nous pourrions le lire, bien plus tard, comme nous lirions un journal intime exhumé d’anciens documents familiaux mais nous nous contenterons des extraits et commentaires. De même que le petit ouvrage de circonstance de Marcela Iacub pouvait se lire en 10 minutes debout dans un rayon de librairie, avant d’acheter Saint-Simon ou un recueil de nouvelles d’Alice Munro, ouvrages autrement plus précieux sur la construction d’une vie ou la tension entre vie publique et vie intime.

L’outrage et la faiblesse


Du point de vue des affects, tout est compréhensible et femme outragée (se sentant outragée) a tous les droits (donner des coups de sac, pleurer dans un micro, prononcer des phrases définitives, hors protocole, refuser de répondre à certains sur certains sujets, aller où on ne l’attend pas, etc.) mais ce ressentiment durable, exprimé à froid (un livre ça se décide, ça s’écrit, ça se relit) pendant le temps de la présidence ne la rend pas plus sympathique du tout et sape sciemment ce qui reste du corps symbolique de la représentation nationale. Que son compagnon se soit montré "faible", lui ait manqué d’égards, lui ait menti et soit englouti par sa fonction (sa charge, symbolique et protocolaire) peut être indéniable mais, la pauvre ingénue ne s’en doutait-elle pas ? Elle s’était pourtant elle-même présentée comme mieux préparée que Carla Bruni la chanteuse par son métier de journaliste, plus fringante que Ségolène et durablement verrouillée sur le président normal. Eh bien au final, il restera que Carla a fait l’opération inverse (elle est rentrée dans le Loft et continue à chanter un peu) et Ségolène reste aux manettes de la production centrale iconique.

Être Certifié par ses proches ? (une pensée pour Hegel disant qu’ « il n'y a pas de héros pour son valet de chambre »)

Puisque nous élisons à présent des personnalités et non pas des programmes, je propose que les compagnes, compagnons, référents d’un(e) candidat(e) répondent dorénavant (comme ils le veulent mais nous lirons tout, dénégations, fausses admirations,  innocences touchantes, novlangue des rewriters) à un questionnaire sur les qualités du candidat. 

Je propose de même que tout aspirant coach doive produire pour sa certification un document, non pas de moralité, mais de bonnes dispositions à l’écoute, à la conciliation et au déploiement de talents dans sa vie personnelle. Et peut-être ces certifications-là seraient-elles bien ardues à obtenir... Que ne faudrait-il pas de preuves, d’attentions, de circonvenues pour obtenir le précieux document ?

Dans le même esprit,  je pense que la mince défaite de la candidate Ségolène Royal peut aussi en partie s'expliquer par un simple mot que son (prétendu) compagnon d’alors n’a pas pu prononcer : « Je connais bien cette femme. Votez pour elle ! »

2 septembre 2014

Entre gestion des personnalités difficiles et clarification managériale : le cas Montebourg, Hamon

Alors voilà. On est un dimanche. On tombe la cravate, on se met à 2, plutôt poids lourds du gouvernement et bonne cote de popularité et on exprime sa liberté de parole à propos de l’orientation économique du gouvernement. Est-ce possible ? La réponse managériale est « non ». 
Benoît Hamon le paye cher, il ne pensait certainement pas engager son poste dans la balance à une semaine de sa première rentrée scolaire mais au contraire, M. Valls en virant les 2, montre que ce n’est pas un problème de personne (l’ombrageux incontrôlable Montebourg) : mais bien un réglage de communication (on peut tolérer l’impertinence managériale en interne, à condition qu’elle ne se manifeste pas publiquement). C. Taubira, qui un peu plus tard, se montre (comme toujours en vélo, comme le signalent les journalistes, en train de lui préparer un futur storytelling ) présente auprès de députés frondeurs, se garde bien de faire des commentaires au-delà de ses prérogatives. Intelligence de la situation : elle ose se montrer, en femme politique indépendante et courageuse, mais pas stupide, elle maintient sa solidarité gouvernementale.

A. Montebourg, sympathique trublion, a pensé que sa force le protégeait, ainsi que son otage Hamon. Erreur d’appréciation ou fatigue des grands écarts, en tout cas trop tôt pour peser dans les recompositions électorales...  Pour B. Hamon, erreur d’agrégé mal-communiquant. 
S’ils avaient été maintenus, que n’aurait-on pas daubé la faiblesse de l’exécutif  et les couacs dans la lisibilité des orientations politiques ? 

Moralité managériale de la semaine : mieux vaut être craint que plaint.